Noa Khamallah parle de l’impact de COVID-19 sur les futures solutions de mobilité

Alors que la pandémie mondiale se propage, les acteurs de la mobilité doivent se préparer au nouveau monde qui les attend. Noa Khamallah, fondateur de Charge parle de ce changement.

La faiblesse niveau macro pourrait favoriser la consolidation des acteurs de la mobilité

La crise actuelle s’annonce comme le choc le plus brutal de l’économie mondiale des temps modernes. Comme dans le cas d’autres contractions financières, les gens vont reporter leurs achats discrétionnaires et augmenter leur épargne, car ils anticipent des temps plus difficiles.

« Au plus fort de la crise, plus de 90 % des usines en Chine, en Europe et en Amérique du Nord ont fermé » rappelle Noa Khamallah. Avec l’effondrement du marché boursier et des ventes de véhicules, les constructeurs automobiles et les fournisseurs ont licencié des travailleurs ou ont compté sur l’intervention publique. Nombre d’entre eux ont obtenu des capitaux en sollicitant l’aide de l’État ou en recherchant l’argent d’investisseurs, tandis que d’autres ont prolongé leurs lignes de crédit et suspendu le versement de dividendes.

L’impact de la pandémie sur les transport en commun

Les acteurs de la mobilité souffrent également. La fréquentation des transports en commun a chuté de 70 à 90 % dans les grandes villes du monde entier, et les opérateurs doivent faire face à l’incertitude et à la nécessité éventuelle de mettre en œuvre et de contrôler des protocoles d’hygiène stricts (masques et examens de santé obligatoires pour les passagers, limitation du nombre de passagers dans les trains et les gares pour respecter les exigences d’espace, etc. Les services de covoiturage ont également connu des baisses allant jusqu’à 60 à 70 %, et de nombreux acteurs de la micro-mobilité et du covoiturage ont suspendu leurs services.

Certains gouvernements ont lancé des initiatives pour soutenir les jeunes entreprises de mobilité qui ont été durement touchées par la crise, mais les faibles réserves de liquidités et le manque de capitaux sur le marché auront très probablement raison de nombreux acteurs. Tout récemment, une start-up de partage de scooters a licencié plus de 400 employés (30 à 40 % de ses effectifs).

D’après Noa Khamallah, l’incertitude réglementaire pourrait augmenter

Nous pensons que les régulateurs réagiront différemment selon les régions. Certains pourraient considérer la crise comme un point d’inflexion pour accélérer la transition vers la mobilité durable, tandis que d’autres pourraient assouplir les mandats réglementaires pour soutenir leurs industries automobiles en difficulté.

Reculs technologiques potentiels

À court ou moyen terme, l’impact du COVID-19 pourrait retarder le développement de technologies avancées, telles que la conduite autonome, car les investisseurs réduisent le financement de l’innovation pour se concentrer sur les problèmes quotidiens de gestion de trésorerie. Par exemple, les essais de véhicules autonomes pourraient être suspendus. De même, les investissements dans les fournisseurs de micro-mobilité et de mobilité partagée pourraient chuter – une tendance qui favoriserait la consolidation du marché. Le succès (et la survie) favorisera probablement les grands acteurs disposant de réserves de trésorerie plus importantes.

Les bénéfices pur les véhicules autonomes et les solutions de micro-mobilité

À long terme, cependant, les véhicules autonomes, les solutions de micro-mobilité et les autres technologies qui favorisent la distance physique pourraient en bénéficier. Nous pensons que la demande des clients pour ces solutions pourrait monter en flèche une fois la crise initiale passée, ce qui augmenterait leur attrait pour les investisseurs.
« De nombreuses personnes se tourneront vers un mode de transport qui réduit le risque d’infection, mais les changements exacts dépendront largement de leurs habitudes avant la pandémie » explique Noa Khamallah.

Les personnes qui possèdent un véhicule privé l’utiliseront de plus en plus, tandis que celles qui dépendaient auparavant des transports publics pourraient opter pour un autre mode, comme le vélo ou la marche.

Le rebond de la mobilité partagée

À ce stade, Noa Khamallah pense que de nombreux changements sont temporaires et que les solutions de mobilité partagée, y compris les transports en commun, vont rebondir et continuer à gagner des parts de marché. Les solutions de micro-mobilité pourraient également se redresser plus rapidement si des protocoles de désinfection stricts sont mis en place. Cela dit, la pandémie pourrait entraîner des changements permanents à court et à long terme. Par exemple, les véhicules autonomes, s’ils sont approuvés pour un usage routier, pourraient faire l’objet d’une demande plus forte que prévu, puisqu’ils permettent de prendre de la distance physique.