Qu’est-ce que la mémoire de travail ?

Imaginez donc : Vous organisez une fête et vous demandez à votre enfant de vous aider à l’organiser. Les instructions que vous lui donnez semblent assez simples : mettre ses jouets dans sa chambre, ranger les chaussures de chacun dans le placard et mettre la table. Il accepte, mais lorsque vous aller le voir un peu plus tard, la table n’est pas mise, ses chaussures sont encore dans le couloir et il a mis ses jouets … dans le placard.

Que c’est-il passé ?

Les enfants qui ont du mal à « rester concentré sur une tâche » peuvent avoir des problèmes de mémoire de travail, une fonction exécutive qui joue un rôle majeur dans la façon dont nous traitons, utilisons et mémorisons les informations au quotidien. Se souvenir d’un numéro de téléphone, se rappeler des instructions, se rappeler comment utiliser la grammaire, écrire un essai et appliquer le théorème de Pythagore sont autant de tâches mentales qui font appel à la mémoire de travail.

Selon les spécialistes, la mémoire de travail est en quelque sorte une catégorie au-dessus de l’attention. Ils ajoutent que l’enjeu principal est de garder à l’esprit tout ce que l’on doit garder à l’esprit pendant que l’on réalise une tâche.

Alors que les souvenirs à long terme restent avec nous même lorsque nous n’y pensons pas, la mémoire de travail est un processus actif. Elle fonctionne un peu comme un carnet de croquis mental où nous conservons et traitons toutes les informations donc nous avons besoin à court terme. L’espace de la mémoire de travail n’est d’ailleurs pas infini, il est donc important de l’utiliser intelligemment, en s’aidant de notes par exemple, ou en stockant des informations dans notre mémoire à long terme pour nous désencombrer l’esprit.

La mémoire de travail est limitée.

Alors que se passe-t-il lorsqu’elle est surchargé ?

Notre cerveau a un capacité limité à jongler avec beaucoup d’informations à la fois. Pour bien comprendre la mémoire de travail, on peut l’imaginer et la décrire comme un tableau. C’est comme si c’était un « espace de travail cognitif ». Lorsque que l’on y met beaucoup de nouvelles informations, il est assez facile de le surcharger et on commence donc à perdre des éléments ou à les mélanger.

Lors d’une étude, on a demandé à des enfants qui ont des problèmes de mémoire de travail d’effectuer une nouvelle tâche tout en réfléchissant à cinq règles pour l’accomplir. Le résultat est qu’ils se sont souvent trompé. Ils n’arrivent pas à garder deux séries de règles à l’esprit en même temps. Ils finissent par réussir à accomplir la tâche, mais font de nombreuses erreurs en cours de route. Parfois, ils n’accomplissent que la moitié de la tâche. L’explication est assez simple : ils n’arrivent pas à garder à l’esprit ce qu’ils doivent faire, ce qui vient ensuite et les règles pour accomplir ce qui doit être fait.

Troubles de l’apprentissage et mémoire de travail.

Tout le monde se débat parfois avec les limites de la mémoire de travail. Que ce soit en oubliant un article d’une liste de courses, ou en ayant un trou quand on essaie de se rappeler les règles d’un nouveau jeu. Mais pour les enfants souffrant de troubles de l’apprentissage, la mémoire de travail pose souvent un problème plus important.

Les enfants souffrant de troubles de l’apprentissage ont une capacité de mémoire de travail plus faible. La raison est que l’adaptation aux difficultés qui accompagnent les troubles de l’apprentissage, comme la dyslexie, les troubles d’apprentissage non verbal ou les problèmes de traitement auditif, occupe une part considérable de leur « espace de travail cognitif ».

La mémoire de travail est donc déjà presque saturée, avant même d’essayer de retenir des informations extérieures.

C’est parce qu’ils ont besoin de décomposer consciemment et d’exécuter des processus que les autres enfants font automatiquement.

Si un enfant a des problèmes de traitement auditif, il doit se concentrer énormément pour écouter, se rappeler et appliquer ce qui est dit en classe. Cela occupe donc une part importante de sa mémoire de travail.

Un enfant souffrant d’un trouble de l’apprentissage comme une dyslexie, va devoir passer plus temps et consacrer plus d’effort au déchiffrage d’un texte, ce qui lui laissera un espace restreint dans sa mémoire de travail pour retenir le contenu du texte et le traiter correctement.

Ce travail supplémentaire signifie plus de désordre sur le « tableau », ce qui laisse forcément moins de place pour les nouvelles informations et se traduit souvent par une vitesse de traitement globalement plus lente.

TDAH et mémoire de travail

Les enfants atteints de Trouble De l’Attention, avec ou sans Hyperactivité (TDAH), peuvent également avoir des difficultés avec la mémoire de travail, qui est l’une des fonctions exécutives essentielles – les compétences mentales qui nous aident à rester organisés, à nous fixer des objectifs et à les atteindre. Les faiblesses des fonctions exécutives sont ce qui rend les enfants atteints de TDAH enclins à être désorganisés et inattentifs. Tout comme avec les troubles de l’apprentissage, les enfants atteints de TDAH doivent travailler activement pour rester concentrés et organisés, des choses qui ont tendance à être automatisées pour les autres enfants.

Par exemple, il est plus difficile pour les enfants atteints de TDAH, qui ont déjà du mal à se concentrer, de garder à l’esprit les règles ou les principes directeurs, surtout dans un environnement qui peut être distrayant. Il peut s’agir de distractions externes, comme un robinet qui goutte ou des enfants qui jouent dehors, ou internes, comme l’anxiété ou même le fait de se demander ce qu’il y a pour le dîner plus tard.

Un espace de travail cognitif plus restreint signifie que les fonctions de la mémoire de travail – s’accrocher à des informations, se rappeler des instructions ou effectuer des tâches qui nécessitent une planification – sont plus difficiles à exécuter. Moins d’espace signifie aussi que les choses risquent davantage de se perdre en cours de route.

L’un des défis que doivent relever les enfants ayant des problèmes de mémoire de travail est que leurs défaillances peuvent facilement être interprétées à tort comme un mauvais comportement. Lorsqu’ils ne suivent pas un ensemble d’instructions, ils semblent peu motivés ou même rebelle, ce qui peut conduire à des conflits avec les enseignants ou les parents et à des accusations de ne pas faire assez d’efforts.

La plupart des enfants détestent devoir admettre qu’ils n’arrivent pas se souvenir de certaines choses et ils ont tendance à essayer de minimiser les efforts qu’ils consacrent à des choses qui ne donnent pas de résultats positifs. Les critiques qu’ils reçoivent les dissuadent de dépenser l’énergie supplémentaire qu’il leur faut pour garder les informations nécessaires dans leur mémoire de travail.

Un exemple pour terminer

Si vous dites à votre enfant : « Va mettre ton pyjama, prépare tes vêtements pour demain et brosse-toi les dents », mais qu’il ne fait qu’une ou deux actions, ou qu’il revient sans cesse en demandant « Quelle était la troisième chose déjà ? » Vous pourriez imaginer que votre enfant est désobéissant ou qu’il rechigne à obéir à vos consignes. Pourtant, maintenant que vous en savez plus sur la mémoire de travail et les troubles qui peuvent être associés, vous saurez peut-être reconnaitre certains signes laissant à penser qu’il a du mal à retrouver en mémoire les consignes que vous lui avez données. Vous saurez donc être plus indulgent avec lui, et l’aider à travailler sa mémoire de travail.