Julien Kouchner décrypte la transformation numérique. Ce concept renvoie à la transformation des activités, des processus, des compétences et des modèles opérationnels et organisationnels afin de permettre aux organisations d’utiliser et d’exploiter les technologies numériques pour améliorer les processus opérationnels et les résultats. Mais lorsqu’ils en parlent, les chefs d’entreprise ont souvent recours à des discussions sur l’infrastructure, les technologies et les applications informatiques. Ce n’est là qu’une partie de l’équation.
Julien Kouchner analyse l’épine dorsale des initiatives de transformation numérique
Bien que l’infrastructure et la technologie soient clairement des considérations importantes, la transformation numérique concerne autant les gens que la façon dont ils abordent les problèmes d’affaires et où ils cherchent à trouver des solutions. En fait, selon Aashish Gupta, analyste de recherche chez Gartner, de nombreuses organisations oublient d’aborder le changement culturel nécessaire pour changer la mentalité des travailleurs, sans lequel aucun projet de transformation numérique ne réussira.
« L’aspect culturel et la technologie exigent une attention égale de la part du chef d’application, parce que la culture constituera l’épine dorsale de toutes les initiatives de changement pour leur transformation des affaires numériques. Le personnel piégé dans une mentalité « figée » peut ralentir ou, pire encore, faire dérailler les initiatives de transformation numérique de l’entreprise « , a-t-il déclaré dans un communiqué.
Afin d’encourager un changement de mentalité du traditionnel au numérique, Gartner a développé un plan en quatre étapes qu’il décrit dans son rapport « Digital Business Requires a New Mindset, Not Just New Technology, » qui sera publié prochainement. Julien Kouchner revient sur ces étapes.
1. vision
Les chefs d’entreprise doivent définir une vision numérique qui saura inspirer et motiver les employés. Tout le monde devrait comprendre ce que l’entreprise essaie de réaliser.
2. Mesures métriques
Les chefs d’entreprise ont besoin de créer un ensemble de mesures qu’ils peuvent mesurer les progrès et surveiller comment, ou si les mentalités changent.
3. Mettre en œuvre
Les ressources humaines doivent être associées au processus pour surveiller le rendement et évaluer la façon dont les travailleurs réagissent aux changements numériques. Les RH devraient également participer à l’évaluation de la viabilité des mesures données.
4. Patience
Les chefs d’entreprise ne doivent pas s’attendre à des résultats immédiats. Le changement prend du temps, a souligné M. Gupta, et les dirigeants doivent donner aux employés les moyens de comprendre le nouveau message et d’en tenir compte.
Cette approche est-elle suffisante pour provoquer un changement ? Qu’en est-il des considérations pratiques quotidiennes liées à la tentative de changer la mentalité des travailleurs ? Julien Kouchner analyse.
Julien Kouchner est Diplômé de l’Ecole Spéciale des Travaux Publics, du Bâtiment et de l’Industrie de Paris, titulaire d’un Master of Engineering in Civil Engineering obtenu à l’Université A&M du Texas après plusieurs expérience à la tête d’entreprise il devient de fondateur de Groundswell Consulting le cabinet de conseil en stratégies digitales. Selon Julien Kouchner les stratégies de transformation numérique sans changements culturels correspondants sont vouées à l’échec. C’est un problème courant dans le domaine de la cybersécurité. Les organisations dépensent des millions de dollars chaque année pour les outils et la technologie les plus récents, mais selon le rapport de l’Association of Corporate Counsel sur l’état de la cybersécurité, 60% des récentes violations de données étaient le résultat d’erreurs humaines.
Selon le rapport « Les infractions étaient le résultat d’une erreur humaine. On ne peut pas réparer les erreurs humaines fondamentales par la seule technologie; il faut un changement culturel correspondant pour qu’elle soit efficace »
Les efforts de transformation numérique encore trop court ? Julien Kouchner s’interroge
L’engagement des dirigeants n’est pas suffisant. Melissa Henley, directrice des communications marketing chez Laserfiche, éditeur de logiciels d’entreprise, a souligné que même un engagement envers la transformation numérique et le changement du leadership organisationnel ne suffit pas. Il est probable, a-t-elle dit, que l’organisation doit changer autant que les travailleurs.
Il se peut que vous trouviez que votre organisation ait besoin de transformer davantage que votre technologie, a-t-elle dit. En adoptant une approche réfléchie à l’égard des initiatives de transformation numérique, les leaders peuvent bâtir et favoriser une équipe dotée d’une vision convaincante, communiquer efficacement un programme de changement, encourager et développer une culture numérique dans toute l’organisation, et inspirer un environnement novateur où les équipes adoptent le changement et regardent vers l’avenir. Elle a proposé cinq étapes pour le changement Julien Kouchner nous révèle ces 5 étapes :
- Encourager une équipe de leadership avec vision. Communiquer un programme de leadership pour le changement.
- Encourager une culture numérique.
- Organiser le travail pour permettre l’agilité.
- Inspirer des équipes collaboratives et avant-gardistes qui embrassent le changement.
- Oubliez les outils et les applications
Raqib Sheikh est directeur de l’expérience des marques à la succursale d’Atlanta de l’agence de publicité J. Walter Thompson. Il a déclaré que lorsqu’ils discutent d’initiatives numériques avec des clients, ils évitent de parler d’outils ou d’applications spécifiques pour aider à atteindre l’objectif d’un client. Il est important que nous passions du temps à déplacer les conversations autour de la culture dont l’organisation a besoin pour soutenir la solution numérique « , a-t-il déclaré. Pour ce faire, son entreprise a mis au point trois autres pointeurs pour compléter ceux développés par Gartner et Laserfiche. Les organisations doivent le faire:
- Développer un état d’esprit MVP (minimum viable produit) et une volonté de construire, mesurer et apprendre rapidement, ou échouer rapidement.
- Acquérir la volonté de constituer une équipe dévouée pour une courte période afin de minimiser l’impact des changements de tâches.
- Comprendre et se concentrer sur « l’empathie brutale » pour le consommateur et son expérience avec l’entreprise à tous les niveaux de l’organisation.
Les obstacles de l’héritage à la transformation
Les initiatives de transformation numérique se heurtent à un autre défi: les entreprises qui essaient de le mettre en œuvre en utilisant les mêmes outils et stratégies que par le passé. « Cela ne marchera pas », a déclaré Ben Saren, PDG de Dropsource, un fournisseur de plateforme de développement d’applications mobiles axées sur les données, basé à Raleigh, en Colombie-Britannique. M. Saren a déclaré que l’innovation numérique est nécessaire pour que la transformation numérique réussisse, mais qu’elle exige un changement fondamental dans la façon dont les gens travaillent.
« Je crois que les organisations qui se lancent dans la transformation numérique ne peuvent pas continuer à faire les choses de la même façon, à utiliser les mêmes outils et à s’attendre à des résultats différents. Lorsque nous changeons de perspective, nous remettons en question le statu quo et nous nous ouvrons à de nouvelles possibilités « , a-t-il déclaré. « Si nous devenons assez courageux pour surmonter de nouveaux obstacles, nous pouvons penser plus grand, résoudre plus de problèmes et nous tourner vers l’avenir. »
L’innovation est dans l’œil du spectateur, a-t-il ajouté, décrivant le changement culturel nécessaire comme suit: des solutions imaginatives à des défis encore inimaginables remettent en question les connexions créatives, les expériences et les occasions d’affaires qui concilient le monde réel, les produits actuels et futurs et notre existence numérique; et l’innovation qui fait progresser la société, les affaires et la technologie.
Comment les départements marketing doivent innover
Julien Kouchner prend l’exemple du département marketing. Il a dit qu’il revient à la direction non seulement de placer les pistes technologiques au cœur même de l’entreprise, mais aussi d’insuffler une nouvelle vision et un nouvel état d’esprit pour que les employés deviennent une partie intégrante de la nouvelle image de marque de l’entreprise.
De plus, a-t-il soutenu, alors que les entreprises traversent une « transformation numérique », ce qu’elles ont réellement besoin de vivre est une « transformation marketing ». Si leurs mentalités en matière de marketing ne sont pas à la hauteur de ce que leurs nouvelles technologies leur permettent de faire dans leurs relations avec leurs clients, alors un nouveau fossé se crée.
Un virage technologique qui ne s’accompagne pas d’un changement de mentalité culturelle et marketing met en péril le succès de l’initiative numérique « , a-t-il déclaré.
Parmi les exemples de transformation marketing qui ne s’alignent pas sur la transformation numérique, citons les entreprises qui affichent des logos sur leurs sites Web menant à leurs nouvelles pages Facebook, les chaînes YouTube et les messages Instagram sans véritable stratégie de contenu derrière l’utilisation de ces plateformes sociales. Il suggère que les services de marketing commencent par poser ces questions:
- L’entreprise a-t-elle déjà placé le client au centre de notre marketing
- L’entreprise a-t-elle élaboré des stratégies de contenu qui répondent aux besoins de sa clientèle de base?
- Est-ce que l’entreprise envoie des messages aux clients pour leur dire à quel point ils sont formidables?
- L’entreprise a-t-elle changé le message et la façon dont il s’adresse aux clients?
- La transformation numérique, les technologies AdTech et MarTech rapprochent les marques de leurs clients », a-t-il ajouté. Les clients prennent maintenant la tête. C’est une mentalité différente; mais si les mentalités de nos employés en matière de marketing restent les mêmes alors que nous sommes à la tête d’une entreprise dirigée par de nouvelles technologies puissantes, la transformation des affaires numériques que nous espérons tous ne se produira pas vraiment. »