Comment l’OTAN reflète l’échec de l’UE ?

L’observateur non averti pourrait être pardonné de croire que l’OTAN agit toujours comme une organisation militaire et politique, dédiée à la protection et la sécurité de ses membres.

 L’Organisation du traité de l’Atlantique nord est obsolète 

L’élargissement de l’organisation avec un membre moins significatif (militairement parlant) comme le Monténégro (qui a ratifié le protocole d’adhésion à l’Alliance atlantique le 19 mai 2016), nous montre à quel point l’organisation obscure est si peu adaptée au paysage géopolitique et stratégique d’aujourd’hui.

Dirigée au cours des dernières années par les responsables Russie-obsédés venus de royaumes d’Europe du Nord (Rasmussen du Danemark ou Stoltenberg de Norvège), l’alliance n’a pas réussi à reconnaître que ces jours-ci la plus grande menace à la sécurité de tous les pays de l’OTAN est représentée par les structures déjà existantes ou les pays émergents islamiques du Moyen-Orient.

L’OTAN n’a pas non plus compté avec le fait que, depuis 2002, le régime laïc en Turquie a été remplacé par un musulman. Cette transformation frappante de la société turque – qui est toujours en cours – a fini par créer une menace sérieuse pour la sécurité de l’Union européenne dans son ensemble, comme l’illustre la crise des réfugiés de cette année.

Quelles menaces pour l’Europe ?

En effet, non seulement la Turquie a échoué à la hauteur de ses obligations en tant que membre de l’OTAN, comme l’étanchéité de sa frontière avec la Syrie. Mais au cours des quatre dernières années, la négligence du gouvernement a permis à des dizaines de milliers de combattants djihadistes de partout dans le monde, à traverser le pays et rejoindre ISIS.

Cette année, la Turquie a décidé de permettre à des centaines de milliers de réfugiés sur son territoire d’envahir pratiquement certains pays de l’UE sans entrave. L’un des conseillers d’Erdogan, Burhan Kuzu, a même salué le dernier exercice de la Turquie dans l’extorsion comme un succès pour le régime AKP:

« L’UE a finalement obtenu le message de la Turquie et a ouvert ses cordons de la bourse. Qu’avons-nous dit ? «Nous allons ouvrir nos frontières et de libérer tous les réfugiés syriens sur vous ».
Nous aurions pu croire, qu’après 2002 et une quinzaine d’années écoulées, un gouvernement islamique modéré au pouvoir en Turquie pourrait rendre le pays plus politiquement stable et économiquement prospère. Plus maintenant. L’assistance – ouverte ou cachée – prolongée par le régime AKP aux islamistes en Syrie et ailleurs, le scandale de la nomination de M. Erdogan, le fils-frère en tant que ministre de l’énergie et son fils à la tête d’une autre société d’énergie (comme si la Turquie était une huile la production de la centrale), la répression sauvage des journalistes, de la presse libre et des responsables turcs qui tentent de faire respecter la primauté du droit dans le pays, ont tous finalement contribué à convaincre que le régime AKP a perdu de son utilité pour la Turquie et pour l’alliance de l‘OTAN, indéniablement.
Imperturbable, la direction de l’OTAN en cours, avec en arrière-plan l’aide de néo-conservateurs américains, tente de recycler les politiques de la guerre froide expirées et continue à représenter la Russie comme le principal ennemi de l’Occident. Ce faisant, l’organisation prouve de façon concluante qu’elle est devenue obsolète et inutile quand il vient à faire face aux menaces de sécurité importantes touchant ses membres.
Il semblerait que la Turquie n’aurait pas osé abattre un avion russe – un événement jamais-vu dans l’histoire de l’Alliance – si les dirigeants du pays n’avaient pas été certains que les préjugés anti-russe au plus haut niveau de l’OTAN prévaudraient.

Pourtant, au lieu de discuter avec la Russie, les ministres de l’OTAN seraient bien avisés de tenir une session spéciale dédiée à l’évaluation de l’utilité continue de la Turquie au sein de l’Alliance dans les circonstances stratégiques actuelles.

A la lumière des développements de cette année, la Turquie – seul membre musulman de l’OTAN – a émergé comme un allié dangereux et un ami douteux. En d’autres termes, au lieu d’essayer d’expulser la Grèce – principale victime de la Turquie dans la crise des réfugiés – de l’espace Schengen, il serait certainement plus utile d’envisager la suspension de la Turquie des structures de commandement de l’OTAN jusqu’à ce que la direction de l’AKP envisage de venir étudier les questions de la migration incontrôlée de réfugiés vers l’Europe, les mouvements djihadistes à destination et en provenance de la Syrie, les relations pétrolières ombragées et la fourniture d’armes aux insurgés islamiques.